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Dermagazine - Psycho et Société
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Dr Gérard Toubel

Dr Gérard Toubel

Dermatologue

Rennes

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Tatouages: Premier congrès Européen Article au format PDF

Tatouages: Premier congrès Européen

Le premier congrès Européen concernant les tatouages s’est tenu à Copenhague du 13 au 14 Novembre 2013.

Lors de ce congrès on pouvait voir dans l’assistance un mélange de tatoueurs et de médecins venus d’une vingtaine de pays (plus de 150 inscrits). Tous étaient attentifs car les communications étaient très techniques et concernaient aussi bien la qualité des encres de tatouage que les manières de les enlever.

Environ 100.000.000 d’Européens sont tatoués avec des chiffres précis pour chaque pays. 600.000 Danois,  25% des Français entre 25 et 34 ans, 15% des Finlandais entre 20 et 30 ans et 15% des Allemands entre 14 et 44 ans.Aux USA on trouve 21% de tatoués dans la population adulte, 10 à 13% de tatoués chez les jeunes et jusqu’à 50% chez les militaires mais chez ces derniers le tatouage est interdit sur le cou et le visage. On estime dans ce pays que 50% des jeunes tatoués ont un comportement à risque (alcool, drogue, sexe, tentative de suicide et baisse d’intérêt vis à vis des études). Pour les mineurs la loi impose une autorisation écrite des parents, la présence d’un des deux parents pendant la séance et on leur conseille vivement de consulter avant la séance un site officiel des tatoueurs : www.safe-tattoos.com.

Dans les pays Européens on essaye de réguler le tatouage avec des règles de bonne conduite mais cela diffère d’un pays à l’autre. En dehors de la sécurité concernant la formation du tatoueur et de ses règles d’hygiène il faut insister sur la qualité des encres qui peuvent être achetées sur internet sans connaître leur composition. En France on va interdire à partir du 31 Décembre 2013 un certain nombre d’encres selon leur composition par principe de précaution (grande spécialité Française). Toujours en France il y aurait actuellement 3.000 tatoueurs officiellement mais si on doit compter les illégaux et les non déclarés qui ne respectent sans doute pas la charte écrite par le Syndicat National des Artistes Tatoueurs (SNAT) on devrait arriver à un chiffre proche de 10.000. Donc si on veut se faire tatouer en France il faut demander au tatoueur s’il est affilié à ce syndicat, c’est un gage de bonnes pratiques.

Complications des tatouages : elles sont diverses bien que très peu fréquentes (une étude aux Pays-Bas a montré que 98% des tatoués ne présentent aucun problème). Mais si on parle d’insatisfaction après le tatouage on arrive vite à 20%… Les vraies complications sont souvent causées par les encres (colorant, solvant, additifs, impuretés)

Les problèmes se rencontrent surtout avec les encres rouges qui peuvent entrainer des réactions inflammatoires avec des démangeaisons tenaces. Tout cela reste anecdotique et on rencontre beaucoup plus de problèmes de surinfections avec les piercing mais beaucoup de tatoués sont aussi percés.

Donc si ces infections sont rares il faut quand même essayer de les éviter et être très vigilant avec les patients HIV positifs ou atteints de leucémie ou prenant un traitement immunomodulateur ou ceux qui présentent un risque d’endocardite.

Qualité des encres de tatouages : les encres contiennent de nombreuses substances qui, en dehors d’une allergie, pourraient être délétères à long terme. Il faut savoir qu’environ 30% de l’encre tatouée ne reste pas en place et est transportée dans le corps (on en retrouve dans les ganglions).

Lasers et détatouages : les différentes techniques ont été détaillées et les lasers déclenchés (Q-switched) restent la technique de référence aujourd’hui. De nouveaux lasers picoseconde arrivent sur le marché mais on manque d’évaluation scientifique sérieuse et comparative vis à vis des lasers nanoseconde. Ces lasers picoseconde coûtent 3 fois plus cher que les lasers nanoseconde mais est-ce vraiment 3 fois plus rapide ??

Il est intéressant de conclure ce résumé avec un poster de l’Académie Américaine de Dermatologie de 2013 qui incluait 580  hommes et femmes d’environ 40 ans qui étaient porteurs d’au moins un tatouage professionnel. Un tiers regrettait ce tatouage mais ce chiffre passait à 50% si ce tatouage avait plus de 18 ans et s’il était sur la partie haute du corps. Les hommes avaient tendance à plus regretter que les femmes mais curieusement seulement la moitié des déçus envisageait de l’enlever. Malgré tout, cela représente une population importante et les lasers nanoseconde ou picoseconde ont encore un bel avenir…

Ëtes-vous tatoué?